« Taxe pylônes » : cette petite ligne dans les budgets des communes pourrait passer inaperçue. Selon les cas, elle revêt pourtant une importance capitale pour leurs finances. Son objet : dédommager les nuisances liées au passage de lignes à haute tension sur leur territoire. Décryptage.
Entre Gravelines et Bourbourg, les lignes à haute tension strient le ciel à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, enjambant les champs, les entrepôts, et même l’A16. À force de les croiser, on n’y prête plus forcément attention, et pourtant : sur ce tronçon précis, elles constituent la plus grande autoroute électrique d’Europe de l’ouest, puisque les six réacteurs de la centrale de Gravelines – la plus puissante d’Europe – évacuent leur électricité dans le poste de la Warande, à Bourbourg, qui la dispatche ensuite vers les consommateurs !
Les pylônes qui soutiennent ces lignes à haute tension ont donc leur utilité. Et leurs nuisances. Depuis 1980, une loi dédommage les communes concernées, sous la forme d’une taxe forfaitaire. En 2020, celle-ci s’élevait à 2 543 € par pylône* (pour les lignes comprises entre 225 et 350 KV), et 5 080 € par pylône (au-delà de 350 KV). « C’est notre plus grosse rentrée d’argent. Ça représente un tiers de notre budget. Nos pylônes, on y tient ! », témoigne le maire de Saint-Georges-sur-l’Aa, Claude Charlemagne.
« Quand on peut, on les masque avec des buttes ou des barrières végétales, comme on l’a fait au Paarc des rives de l’Aa. »
Gravelines abrite respectivement 28 et 27 de ces géants d’acier qui « grésillent quand il pleut, et qui représentent une contrainte sur le plan de l’urbanisme », indique le maire, Bertrand Ringot. Michel Decool, maire de Cappellebrouck, l’illustre : « Des parcelles de terrain étaient prévues pour développer une zone d’activité, mais RTE (Réseau de Transport d’Électricité, responsable du réseau haute tension en France) m’y a interdit toute construction : on n’était pas en capacité de respecter une hauteur minimum entre la toiture et le point le plus bas des câbles, sauf à construire des bâtiments miniatures. »
Surtout, les pylônes sont, visuellement, assez peu esthétiques, et rappellent au paysage la vocation industrielle du territoire. « Quand on peut, on les masque avec des buttes ou des barrières végétales, comme on l’a fait au Paarc des rives de l’Aa », explique Bertrand Ringot. L’élu fait le parallèle avec les lignes basse tension présentes en zone urbaine, pour lesquelles la tendance est à l’enfouissement, « et ça fait partie de l’embellissement des villes ».
* Chiffres 2021. Les montants de l’imposition forfaitaire sur les pylônes sont révisés chaque année proportionnellement à la variation, constatée au niveau national, du produit de la taxe foncière sur les propriétés bâties.
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