Face au changement climatique et aux épisodes de sécheresse que subit particulièrement le secteur des Moëres, l’ancienne écluse des Moëres va rouvrir les vannes. Situé sur la commune de Dunkerque, l’ouvrage va être adapté pour ramener l’eau quand il le faut.
Envahis par la mer, asséchés, drainés par les wateringues, les Moëres, sont toujours dans le viseur des gestionnaires de l’eau. « Très sensible aux conséquences du changement climatique », ce secteur situé à l’Est de Dunkerque souffre durant les périodes de sécheresse. Un manque d’eau défavorable à l’agriculture et qui prive faune et flore d’une ressource essentielle : « L’eau c’est la vie, glisse Christian Dejonghe, président de la 4e section des wateringues du Nord. Ce projet va servir à l’agriculture, à la biodiversité. Assurer un approvisionnement constant en eau est une priorité. » Avec d’autres structures, l’agriculteur inaugurait ce vendredi le projet du canal des Moëres baptisé Acclimo, pour Adaptation au changement climatique de l’Oostover.
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Son lancement a démarré il y a un an par l’association de seize structures (lire ci-dessous). Mission principale : protéger la ressource en eau du Dunkerquois. Première action : mener le projet Acclimo, qui consiste à réalimenter le secteur des Moëres en eaux de surface. « L’adaptation de nos ouvrages hydrauliques, dont certains ont été bouchés dans le passé, doit permettre cette réalimentation, explique Bertrant Ringot, président de l’association du canal des Moëres. Ça a démarré à l’été 2022 avec 30 000 m3. L’objectif est d’alimenter l’Est du Dunkerquois à hauteur de 300 000 m3. »
Si cette partie territoire est celle où la ressource en eau de surface est la plus précaire dans le Nord, c’est parce que le canal des Moëres est déconnecté du réseau de canaux qui alimente les sections autour de Dunkerque. Notamment par le comblement de l’écluse des Moëres, aujourd’hui recouverte par la végétation. Pour que l’eau y coule de nouveau, l’outil doit être adapté « avec la création d’un ouvrage de transfert entre la dérivation du canal de Bergues et le canal des Moëres ». Faire sauter le bouchon nécessite des études techniques et réglementaires. Après état des lieux, études de faisabilité et d’impact, ces travaux complexes doivent commencer en 2025.
Astuce d’antan et progrès
L’écluse des Moëres va pouvoir retrouver un intérêt au-delà de son unique utilité d’avant : réalimenter le canal durant les sécheresses. L’ouvrage, qui n’avait pas de rôle dans la gestion des crues, sera à terme bénéfique dans la lutte contre les inondations. « Il y aura aussi un impact sur la qualité des eaux de baignade, ajoute Philippe Parent, directeur de l’institution des wateringues. On est dans une vision globale à l’échelle du polder. Nous devons réfléchir à la conception de l’ouvrage la plus astucieuse. »